Plaidoyer et sensibilisation

Tendances en matière de plaidoyer en Afrique qui façonnent l'avenir

  • Publié le 24 mai 2023
  • Lecture 5 min
Tendances en matière de plaidoyer en Afrique qui façonnent l'avenir

On assiste à une forte récupération de la voix des citoyens dans le domaine de la défense et de la création de changements, et je suis encouragé par les tendances qui se dessinent.

Il y a quelques semaines, le groupe de la Banque africaine de développement a publié un rapport indiquant que l'Afrique devrait enregistrer une croissance économique supérieure à celle du reste du monde au cours des deux prochaines années, avec un produit intérieur brut (PIB) réel d'environ 4 % en moyenne en 2023 et 2024. Le rapport identifie également les risques potentiels et appelle à des mesures monétaires et fiscales robustes pour y faire face, soutenues par des politiques structurelles.

Tout cela semble excellent et constitue sans aucun doute une meilleure nouvelle que celle que nous avons eue récemment, mais comme toujours, les chances que les affirmations de ce rapport deviennent réalité dépendent du pouvoir et de la responsabilité de toutes les parties prenantes.

Si l'on considère le plaidoyer, en particulier en Afrique de l'Est et de l'Ouest où Niyel est un acteur actif, les tendances dominantes se situent en fait au sein des différents groupes de parties prenantes, ainsi que dans les relations entre les groupes. 

Les tendances suivantes témoignent du changement qui s'opère :

  • Engagement accru des citoyens

Le citoyen moyen pose continuellement des questions et demande des comptes, ce qui réduit l'acceptation des informations ou des interventions qui lui sont fournies. Il s'approprie davantage le problème, qui n'est plus "leur" problème, mais "notre" problème. La technologie est également un catalyseur, même si les médias sociaux présentent des inconvénients, car les débordements émotionnels sont facilement présentés comme des faits, ce qui est trompeur, voire dangereux. Cependant, l'interconnexion que permet la technologie a conduit à une solidarité accrue, tant sur le continent qu'au sein de la diaspora.

  • Le gouvernement s'intéresse de plus près à la question

Les membres du gouvernement font très attention à ce qu'ils font, à ce qu'ils disent, à leur apparence et, surtout, à la manière dont leurs actions ou inactions sont interprétées. Certains fonctionnaires commencent à accorder plus d'attention à leur mandat et aux attentes de la population à leur égard.

  • Les organisations de défense et de développement prennent les devants

Les organisations intermédiaires jouent un rôle de premier plan et ont leur mot à dire dans les discussions sur les grandes questions. Ces organisations peuvent mieux représenter les populations parce qu'elles vivent sur le continent, qu'elles ont été ou sont directement touchées par la situation et qu'elles peuvent véritablement agir dans l'intérêt supérieur des populations. Maintenant qu'il y a une plus grande appropriation du développement par des acteurs locaux et efficaces, personne n'attend simplement que le monde occidental mette l'Afrique à l'ordre du jour. Le développement a été décolonisé en ce qui concerne l'attribution des ressources, car la dynamique du pouvoir est en train de changer, et l'Afrique s'en porte mieux.

Les populations deviennent actives à différents niveaux et sont animées par la passion, l'objectif et un sens aigu de l'appropriation qui est essentiel au développement durable sur tout le continent. Il reste cependant beaucoup à faire, car ces tendances continuent de définir les cadres de l'engagement en faveur de la défense des droits et du développement socio-économique.

Il est de la responsabilité des citoyens de s'éduquer, de dialoguer et de s'engager de manière adéquate. Il est également nécessaire de clarifier le mandat des différentes branches du gouvernement et des autres parties prenantes, afin que les citoyens soient informés du fonctionnement de l'État et qu'ils ne confondent pas les responsabilités des uns et des autres dans les différents domaines. Cela aurait un impact positif sur la manière dont les citoyens abordent les problèmes et conduirait à une réflexion constante sur la manière dont le citoyen moyen peut contribuer à l'élaboration des politiques, non pas simplement en pointant du doigt, mais en modifiant les pratiques dans leur vie et dans leurs domaines d'influence directs.

À Niyel, nous avons toujours cru au "pouvoir du citoyen" pour conduire le changement et concevoir des cadres et des ressources qui créent la structure nécessaire pour avoir un impact durable. Nous croyons qu'il faut exploiter le pouvoir de chacun pour le bien collectif. Nous invitons régulièrement les citoyens à participer à nos campagnes et initiatives, qu'il s'agisse de garantir l'inclusion des droits fondamentaux en matière d'eau et d'assainissement, ou de questions de données et de gouvernance des données afin de disposer d'une intelligence artificielle (IA) responsable sur le continent. 

Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas déployer directement tout ce qui est nécessaire au développement. Nous continuerons à fournir des outils et des ressources gratuits qui peuvent être utilisés par les individus et les organisations, et à mener et soutenir des initiatives axées sur les personnes qui exigent une plus grande intervention de la part des décideurs tout en engageant de manière cohérente la responsabilité civile. Nous faisons cela dans le but de continuer à faire du bon travail en Afrique et pour l'Afrique. 

Valérie Traoré

24 mai 2023

Lire aussi...